Longueur 83m. largeur 5m. Inscription ISMH le 7
Longueur 83m. largeur 5m.
Inscription ISMH le 7 juillet 1974 : Galerie elle-même avec son décor, y compris la partie remaniée dont la rotonde, les façades sur rue et sur cour des immeubles 6, rue des Petits Champs, 2-4, rue Vivienne comportant les entrées de la galerie.
Alléchée par le succès de la galerie Vivienne une compagnie de spéculateurs présidée par M. Adam fit construire par l'architecte J. Billaud la galerie Colbert. Pour cela elle achète les bâtiments de la Caisse de la dette publique qui étaient en vente.
C’est l’ancien hôtel Bautru qui fut édifier entre 1634 et 1637, sur les plans de Le Vau, pour Guillaume Bautru, seigneur de Serrant. Il fut le premier hôtel construit dans ce nouveau quartier. Son entrée est au 6 rue des Petits-Champs. Son fils le vend, en 1665, à Jean-Baptiste Colbert. Ses héritiers le vendirent, en 1713, à la veuve du maitre de requête Rouillé de Meslay. Elle le loue à l’ambassadeur d’Espagne, prince de Cellamare, qui y prépare, en 1718, sa conspiration, puis le vendit, en 1719, au régent Philippe d’Orléans qui y installe ses écuries. Ses descendants le louèrent, en 1780, au roi pour qu’il y installe le Bureau des domaines et le lui vendirent en 1789. Simon Bolivar habite, en 1804, au 2 rue Vivienne. Une plaque, au niveau du premier étage, l’atteste. La Caisse de la dette publique l’occupe en 1806.
La galerie Colbert est inaugurée en septembre 1827.
Le passage des Deux-Pavillons, percé en 1820, doit son nom aux deux pavillons qui l’encadrent rue de Beaujolais. Il sert de raccourci entre le Palais Royal et la rue Neuve des Petits-Champs. Il débouche face à la galerie Colbert et draine vers elle la clientèle du Palais Royal. Voyant cela, le notaire Marchoux, rachète le passage et lui donne son tracé actuel qui rapproche sa sortie de la galerie Vivienne afin d’attirer vers elle la clientèle.
Les propriétaires de la galerie Colbert répliquent, en 1828, en ouvrant le passage Colbert qui se rapproche de la sortie du passage des Deux-Pavillons et rejoint la galerie Colbert par un coude.
C'est une réussite architecturale mais elle ne sera jamais une réussite commerciale malgré tous les efforts des propriétaires. Vers 1830 on organise des concerts sous la rotonde.
Le seul point d'intérêt est le n°26. Voila ce que nous en dit une notice de 1859 :
« Que d'officiers en herbe projetèrent des regards d'envie sur les montres de ce magasin, au temps où Casimir Périer présidait à son tour aux destinées d'un règne ! Plus d'un élève de l'École, avant de se rendre au café, allait et venait, plein d'une curiosité qu'il croyait presque de l'amour, devant une porte vitrée de la galerie, au n° 26. Là, sous l'apparence d'une gantière, brillait une beauté accessible, mais qui ne tenait compte, en fait de jeunesse, que de la sienne ; elle imposait aux mieux favorisés de pourvoir aux atours dont elle espérait une fortune, qu'en réalité lui ont faite les galants qui cherchaient à s'impatroniser, notamment le frère d'un inimitié. Cette jeune et belle femme sous verre, on l'appelait Labsolu ; mais à sa recherche la philosophie aurait perdu tout son temps à courir.
C'est sa bonne qui vendait les gants ; elle en demandait. Bref, à l'époque dont nous parlons, et en dépit de la belle rotonde Colbert, le point important de la galerie était le n° 26, que Mlle Labsolu n'a quitté que pour prendre un appartement, avec voiture et rentes sur le grand-livre, dans la rue Ollivier-Saint-Georges. A la bonne heure ! S'écrièrent sur le coup plusieurs mères et beaucoup de portiers de filles moins bien partagées ; parlez-moi d'avoir un nez grec et de se coiffer à la chinoise, quand cela sert à quelque chose ! La belle a tant fait parler d'elle que l'ombre de son frais visage, aux lignes pures, aux souris plus souples que ses gants, plane encore sur la galerie qui, depuis son départ, est déserte ! »
Elle devint tellement déserte qu'à la fin du XIXe siècle il reste juste un éditeur de musique, un bouillon et un garage. L'entrée rue Vivienne est condamnée. La rotonde est détruite vers 1910. La démolition du passage est évoquée dans le courant du XXe siècle.
L'intérêt, dans les années 1970, pour l'architecture du XIXe siècle va sauver la galerie. En 1974 elle est classé ISMH et est achetée par la BnF (Bibliothèque nationale de France).
En 1975 elle est fermée au public.
Après expertise elle est démolie en 1982. Elle est reconstruite d'après les moulages des sculptures qui subsistent et des dessins d'époque par l'architecte Blanchet. Elle est inaugurée en 1985. Elle regroupe les services de l'informatique et de l'entrée des livres, de salles d'exposition et d'un auditorium.
La rotonde fait 15 m. et elle a été située à un niveau supérieur que l'original.
Au centre ce trouvait, à l'origine, un magnifique candélabre en bronze portant une couronne de sept globes de cristal qu’on appelait le « cocotier lumineux ». Il fut remplacé par un lampadaire surmonté d'un globe. Aujourd'hui se trouve un bronze daté de 1822 de Nanteuil : Eurydice mordue par un serpent.
Les murs qui supportent la verrière ne sont qu'une façade. Les bâtiments qui se trouvaient derrière n'ont pas été reconstruits.
Le passage Colbert est supprimé.
C’est sous Louis-Philippe qu’un magasin de nouveauté appelé « Au Grand Colbert » ouvrit ses portes. Le nom fut conservé jusqu’en 1900. Il fut transformé en restaurant. C’était un des bouillons les meilleurs marchés de Paris. La brasserie traditionnelle « Le Grand Colbert » fut rénové dans ces moindres détails d’origine en même temps que la galerie. Elle possède une entrée sur la rue Vivienne et une dans la galerie. Elle n’est plus bon marché et elle fait salon de thé de 15h à 18h.
Sur le fronton intérieur une fresque représente Colbert favorisant le commerce.
Au départ du service des imprimés à la BnF François Mitterrand, une refonte générale des bâtiments est décidée le 11-4-1996 pour y loger l'INHA (Institut National d’Histoire de l’Art), l'INP (Institut National du Patrimoine) et leurs dépendants. Les travaux sont finis début 2004 et la galerie Colbert devient une école.
Le porche et les arcades de l'entrée de la galerie Colbert sur la rue des Petits-Champs.
Le porche rue Vivienne est d'origine.
Evènements liés à la galerie.
Lors de son séjour à Paris, Hector Berlioz nous raconte dans le chapitre XXIX de ses Mémoires une interprétation impromptue de la Marseillaise qui se passe peu après les trois glorieuses de 1830 dans un passage de la capitale à laquelle il participa. Il décrit parfaitement son trajet et bousculé par la foule en sortant du Palais-Royal il arrive à la galerie Colbert qu’il cite nommément. Il se réfugie au premier étage d’un magasin situé dans la rotonde et la description du passage qu’il fait correspond parfaitement à la galerie Colbert. Cet évènement se trouve mentionnée dans la galerie Vivienne qui se l’attribue. Il serait normal de restituer cette anecdote à la galerie Colbert.
En 1981, Luc Besson choisit ce lieu désagrégé pour tourner une scène de son film « Dernier Combat ».